Comment prévenir et traiter les escarres à domicile ?

Comment prévenir et traiter les escarres à domicile ?

# Comment prévenir et traiter les escarres à domicile au Sénégal : guide complet

La prévention et le traitement des escarres à domicile constituent un défi majeur pour les familles sénégalaises prenant soin de proches alités ou à mobilité réduite, nécessitant des connaissances précises et des soins adaptés au contexte local.

## Comprendre les escarres : un enjeu de santé publique au Sénégal

Les escarres, également appelées plaies de pression ou ulcères de décubitus, représentent une complication fréquente chez les personnes immobilisées. Au Sénégal, où les structures hospitalières sont parfois éloignées des zones rurales, la prise en charge à domicile devient souvent incontournable.

Une escarre est une lésion cutanée d’origine ischémique liée à une compression des tissus mous entre un plan dur et les saillies osseuses. Cette compression prolongée entraîne une diminution de l’irrigation sanguine et l’apparition progressive de lésions tissulaires pouvant aller jusqu’à la nécrose.

Selon l’Organisation Mondiale de la Santé, la prévalence des escarres dans les pays d’Afrique subsaharienne varie entre 13% et 18% chez les patients hospitalisés et les personnes âgées immobilisées à domicile. Au Sénégal, bien que les données spécifiques soient limitées, les professionnels de santé estiment que cette problématique touche particulièrement les zones rurales où l’accès aux soins spécialisés reste difficile.

## Les facteurs de risque spécifiques au contexte sénégalais

La formation d’escarres résulte d’une combinaison de facteurs intrinsèques et extrinsèques. Dans le contexte sénégalais, certains éléments amplifient ces risques :

### Facteurs environnementaux et climatiques
– **Chaleur et humidité** : Le climat sénégalais, particulièrement pendant l’hivernage, favorise la transpiration excessive et la macération cutanée.
– **Accès limité à l’électricité** : Dans certaines zones rurales, l’absence de ventilation électrique augmente le risque de transpiration excessive.
– **Qualité des surfaces de couchage** : Les matelas traditionnels, souvent plus fermes et moins adaptés que les matelas anti-escarres, peuvent accroître la pression sur les points d’appui.

### Facteurs socio-économiques
– **Accès aux soins** : La distance entre les domiciles et les centres de santé, notamment dans les régions comme Kédougou, Matam ou Tambacounda, complique le suivi régulier.
– **Disponibilité des produits spécialisés** : Les matériels de prévention (coussins, matelas anti-escarres) et les pansements modernes restent coûteux et parfois indisponibles hors des grandes villes comme Dakar, Saint-Louis ou Thiès.
– **Formation des aidants** : Le manque de formation spécifique des aidants familiaux constitue un obstacle majeur à la prévention efficace.

## Les zones à risque et les stades d’évolution des escarres

### Les localisations les plus fréquentes
Les escarres apparaissent principalement sur les proéminences osseuses, particulièrement :
– Le sacrum (28% des cas)
– Les talons (23%)
– Les trochanters (15%)
– Les ischions (17%)
– Les omoplates (10%)
– L’occiput (7%), notamment chez les patients inconscients

### Les quatre stades d’évolution
La connaissance des stades permet d’adapter le traitement et d’évaluer la gravité :

1. **Stade 1** : Érythème cutané persistant sur une peau intacte. La rougeur ne disparaît pas à la pression du doigt.
2. **Stade 2** : Perte de substance superficielle atteignant l’épiderme et/ou le derme. L’escarre se présente comme une abrasion, une phlyctène ou une ulcération superficielle.
3. **Stade 3** : Perte de substance profonde atteignant le tissu sous-cutané jusqu’au fascia musculaire.
4. **Stade 4** : Destruction extensive atteignant le muscle, l’os ou les structures de soutien (tendons, capsules articulaires).

Il est important de noter que sur les peaux foncées, typiques de la population sénégalaise, l’érythème du stade 1 peut être difficile à observer. Les aidants doivent donc être particulièrement attentifs aux modifications de température, de consistance ou de sensibilité de la peau.

## Stratégies de prévention adaptées au contexte sénégalais

La prévention reste la meilleure approche face aux escarres. Au Sénégal, où les ressources peuvent être limitées, des stratégies adaptées sont essentielles.

### Évaluation régulière des risques
L’utilisation d’échelles d’évaluation comme celle de Braden ou de Norton permet d’identifier les personnes à risque. Ces échelles prennent en compte :
– La mobilité
– L’activité
– La perception sensorielle
– L’humidité de la peau
– La nutrition
– Les frictions et cisaillements

### Mobilisation et changements de position
– Changer la position du patient toutes les 2-3 heures, jour et nuit
– Établir un calendrier de rotation adapté au contexte familial
– Former plusieurs membres de la famille pour partager cette responsabilité
– Utiliser la technique du “pont” pour soulever le patient sans frotter la peau contre les draps

Au Centre Hospitalier National Universitaire de Fann à Dakar, les protocoles recommandent la tenue d’une fiche de changement de position pour assurer la régularité des mobilisations.

### Solutions alternatives avec des ressources locales
Face aux contraintes économiques, des alternatives locales peuvent être envisagées :

– **Matelas artisanaux** : L’utilisation de mousses de différentes densités superposées peut remplacer partiellement les matelas anti-escarres. Des études menées à l’Université Cheikh Anta Diop ont démontré l’efficacité relative de ces alternatives.
– **Coussins de positionnement** : Des coussins remplis de kapok (fibre naturelle locale) peuvent être utilisés pour le positionnement.
– **Huiles végétales locales** : Le beurre de karité et l’huile de baobab, produits localement, possèdent des propriétés hydratantes intéressantes pour la prévention, bien que leur efficacité soit inférieure aux produits spécialisés.

### Hygiène et soins cutanés adaptés
– Nettoyer la peau avec de l’eau tiède et un savon doux à pH neutre
– Sécher soigneusement sans frotter
– Hydrater la peau quotidiennement
– Éviter les massages sur les zones rouges ou les proéminences osseuses

Dans les régions à forte chaleur comme le nord du Sénégal, il est recommandé d’augmenter la fréquence des toilettes et des changements de literie pour prévenir la macération.

### Nutrition et hydratation
La malnutrition constitue un facteur de risque majeur. Une alimentation équilibrée doit inclure :
– Des protéines (poisson, viande, œufs, lait caillé local)
– Des vitamines et minéraux (fruits et légumes locaux)
– Un apport hydrique suffisant (minimum 1,5L par jour)

Le “thiéboudiène” (riz au poisson), plat national sénégalais, peut constituer une source intéressante de protéines et de légumes lorsqu

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