# Comment coordonner efficacement les différents intervenants au domicile au Sénégal : Guide pratique pour une gestion harmonieuse
La coordination des différents intervenants au domicile représente un défi majeur pour les familles sénégalaises confrontées à la gestion simultanée de plusieurs professionnels intervenant chez elles, qu’il s’agisse d’aide aux personnes âgées, de soins médicaux ou d’assistance éducative.
**Temps de lecture : 12 minutes**
## Sommaire
1. Les enjeux de la coordination à domicile au Sénégal
2. Identifier les intervenants potentiels au domicile
3. Mettre en place des outils de coordination efficaces
4. La communication au cœur de la réussite
5. Les défis spécifiques au contexte sénégalais
6. S’inspirer des modèles qui fonctionnent
7. L’importance de la formation des coordinateurs
8. Conclusion et perspectives
## Les enjeux de la coordination à domicile au Sénégal
Au Sénégal, comme dans de nombreux pays d’Afrique de l’Ouest, la solidarité familiale constitue traditionnellement le principal filet de sécurité sociale. Cependant, l’évolution des structures familiales, l’urbanisation croissante et la mobilité professionnelle transforment progressivement cette réalité. De plus en plus de familles font désormais appel à des intervenants extérieurs pour assurer certains services à domicile.
La coordination de ces différents intervenants représente un véritable défi logistique et organisationnel. Selon une étude de l’Agence Nationale de la Statistique et de la Démographie (ANSD) publiée en 2021, près de 65% des ménages dakarois emploient au moins un intervenant extérieur régulier, qu’il s’agisse d’employés de maison, de garde d’enfants ou d’aide aux personnes âgées.
L’efficacité de cette coordination impacte directement la qualité de vie des bénéficiaires et le bon fonctionnement du foyer. Une mauvaise coordination peut entraîner des chevauchements d’interventions, des oublis, des malentendus ou des tensions entre les différents acteurs.
## Identifier les intervenants potentiels au domicile
### Les intervenants formels et informels
Au Sénégal, les intervenants à domicile peuvent être classés en deux grandes catégories :
1. **Les intervenants informels** : principalement des membres de la famille élargie, des voisins ou des personnes recrutées par le bouche-à-oreille sans qualification spécifique. Ils représentent environ 80% des intervenants à domicile selon le Ministère de la Famille et des Solidarités.
2. **Les intervenants formels** : professionnels qualifiés issus de structures publiques ou privées. On compte parmi eux :
– Les professionnels de santé (infirmiers, aides-soignants, kinésithérapeutes)
– Les travailleurs sociaux
– Les employés d’entreprises de services à la personne
– Les enseignants à domicile
### Le contexte spécifique du Sénégal
Dans le contexte sénégalais, il est important de noter la place prépondérante des “badiènes” (tantes) et des “ndeyedikke” (tantes paternelles) qui jouent traditionnellement un rôle central dans l’aide familiale. L’intégration de ces figures traditionnelles avec des intervenants professionnels constitue un défi particulier.
Par ailleurs, le secteur formel des services à domicile se développe progressivement, notamment à Dakar et dans les grandes villes comme Thiès, Saint-Louis ou Ziguinchor. Des entreprises spécialisées comme SenCare, Domicile Services ou Jàppale (qui signifie “aide” en wolof) proposent désormais des prestations structurées.
## Mettre en place des outils de coordination efficaces
### Le cahier de liaison : pierre angulaire de la coordination
Le cahier de liaison constitue l’outil fondamental pour assurer la continuité des interventions. Dans le contexte sénégalais, où le taux d’alphabétisation (environ 51,9% selon l’UNESCO en 2017) peut représenter un obstacle, il est recommandé d’adapter cet outil :
– Utilisation de pictogrammes et symboles universels
– Possibilité d’enregistrements vocaux via smartphones pour les personnes ne sachant pas lire
– Sections bilingues français/wolof pour faciliter la compréhension par tous
L’association sénégalaise pour le bien-être familial (ASBEF) propose des modèles de cahiers adaptés aux réalités locales, téléchargeables gratuitement sur leur site.
### Les outils numériques adaptés au contexte sénégalais
Le taux de pénétration des smartphones au Sénégal atteignait 39,8% en 2022 selon l’Autorité de Régulation des Télécommunications et des Postes (ARTP). Cette réalité ouvre la voie à l’utilisation d’applications de coordination :
– **WhatsApp** : largement utilisé au Sénégal, il permet de créer des groupes dédiés à la coordination des intervenants
– **Jokko** : application développée localement permettant de synchroniser des calendriers d’intervention
– **SamaSante** : application sénégalaise facilitant le suivi médical à domicile et la coordination entre professionnels de santé
Ces outils doivent cependant prendre en compte les problématiques d’accès à internet, encore inégal sur le territoire, et le coût des données mobiles.
### Les plannings et calendriers
L’organisation temporelle des interventions peut s’appuyer sur :
– Des calendriers muraux accessibles à tous les intervenants
– Des plannings hebdomadaires détaillés
– Des systèmes de rappels par SMS, particulièrement utiles dans le contexte sénégalais où la téléphonie mobile est très répandue (taux de pénétration de 110% en 2022 selon l’ARTP)
## La communication au cœur de la réussite
### Établir un cadre de communication clair
La communication entre les différents intervenants doit être structurée et régulière :
– **Réunions de coordination** : idéalement mensuelles, elles permettent d’harmoniser les interventions et de résoudre les problèmes éventuels
– **Points quotidiens** : brefs échanges entre intervenants lors des relais
– **Transmission d’informations** : utilisation du cahier de liaison et des outils numériques
Dans le contexte sénégalais, il est essentiel de tenir compte des spécificités culturelles de communication. Le respect de la hiérarchie sociale, l’importance de la palabre et la communication indirecte sont des éléments à intégrer dans l’organisation des échanges.
### Gestion des conflits et médiation
Les tensions entre intervenants sont inévitables, particulièrement dans un contexte où professionnels et membres de la famille se côtoient. Selon une étude menée par l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar en 2019, 47% des familles rapportent des difficultés relationnelles entre intervenants familiaux et professionnels extérieurs.
Pour gérer ces situations :
– Désigner un médiateur familial, rôle souvent endossé par un aîné respecté dans la tradition sénégalaise
– Établir clairement les attributions de chacun pour éviter les chevauchements
– Reconnaître la complémentarité des approches traditionnelles et professionnelles
## Les défis spécifiques au contexte sénégalais
### La question de la formalisation des services
Au Sénégal, une grande partie des services à domicile reste informelle. Selon la Direction des Statistiques du
