Comment maintenir une vie sociale active malgré la dépendance ?

Comment maintenir une vie sociale active malgré la dépendance ?

# Comment maintenir une vie sociale active malgré la dépendance au Sénégal ?

La dépendance, qu’elle soit liée à l’âge, au handicap ou à la maladie, peut considérablement affecter la qualité de vie sociale des Sénégalais, pourtant des solutions locales adaptées existent pour maintenir les liens sociaux essentiels au bien-être des personnes en situation de vulnérabilité.

## La réalité de la dépendance au Sénégal : comprendre pour mieux agir

Au Sénégal, la dépendance touche une part significative de la population. Selon l’Agence Nationale de la Statistique et de la Démographie (ANSD), environ 5,9% des Sénégalais vivent avec un handicap. Le vieillissement de la population constitue également un facteur croissant de dépendance, avec 5,2% de la population âgée de plus de 60 ans – une proportion qui devrait doubler d’ici 2050 d’après les projections de l’OMS.

La dépendance se manifeste sous diverses formes au Sénégal :
– Limitations physiques (mobilité réduite, handicap moteur)
– Déficiences sensorielles (troubles de la vue, de l’audition)
– Maladies chroniques (diabète, hypertension, troubles cardiaques)
– Troubles cognitifs et neurologiques (démence, Alzheimer)

Ces situations créent des barrières à l’interaction sociale que le contexte sénégalais, avec ses spécificités culturelles et économiques, rend parfois plus difficiles à surmonter.

## L’importance vitale des liens sociaux face à la dépendance

Le maintien d’une vie sociale active pour les personnes dépendantes n’est pas un simple confort – c’est une nécessité fondamentale. De nombreuses études, notamment celles réalisées par l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, confirment que l’isolement social accélère le déclin des fonctions cognitives et physiques chez les personnes âgées.

Une recherche menée par le Centre de Recherche et de Formation en Gériatrie et Gérontologie du Sénégal a démontré que les personnes dépendantes maintenant des interactions sociales régulières présentent :
– Un risque réduit de 50% de développer une dépression
– Une meilleure adhésion aux traitements médicaux
– Une autonomie prolongée dans les activités quotidiennes
– Une espérance de vie augmentée de 2 à 5 ans

Dans le contexte sénégalais, où la famille étendue constitue traditionnellement le premier réseau de soutien, l’urbanisation rapide et l’évolution des structures familiales imposent de repenser les modalités du maintien des liens sociaux.

## Les défis spécifiques au contexte sénégalais

### L’accessibilité physique : un obstacle majeur

Au Sénégal, l’accessibilité des espaces publics reste un défi considérable. Selon une enquête de la Fédération Sénégalaise des Associations de Personnes Handicapées (FSAPH), moins de 15% des bâtiments publics à Dakar sont entièrement accessibles aux personnes à mobilité réduite. Les rues souvent non pavées, l’absence de rampes d’accès et les transports inadaptés limitent considérablement les possibilités de déplacement.

La situation est encore plus critique en zone rurale, où près de 60% de la population dépendante réside. L’état des routes et la dispersion des habitations y rendent les visites et déplacements particulièrement complexes.

### Les contraintes économiques

Le coût des équipements adaptés et des services d’aide à la personne représente un obstacle majeur. Le prix d’un fauteuil roulant basique peut atteindre 150 000 FCFA (environ 230 euros), soit plus que le salaire minimum mensuel. Les services d’accompagnement professionnels, encore rares, sont financièrement inaccessibles pour la majorité des familles.

Le système de protection sociale sénégalais, bien qu’en développement avec la Couverture Maladie Universelle (CMU), ne couvre que partiellement les besoins spécifiques liés à la dépendance.

### La stigmatisation et les préjugés

Malgré une tradition de solidarité, certaines formes de dépendance, notamment celles liées aux troubles mentaux ou cognitifs, font encore l’objet de stigmatisation. D’après une étude de l’ONG Handicap International, 42% des personnes en situation de handicap au Sénégal déclarent avoir subi une forme de discrimination sociale.

Cette stigmatisation peut conduire à l’auto-isolement des personnes concernées et de leurs familles, aggravant ainsi leur exclusion sociale.

## Solutions adaptées au contexte sénégalais

### Valoriser et renforcer le soutien familial

**Le rôle central de la famille étendue**

Au Sénégal, la famille constitue traditionnellement le premier cercle de solidarité. Cette ressource culturelle précieuse peut être mobilisée efficacement grâce à :

– L’organisation de rotations familiales pour les visites et l’accompagnement
– La formation des aidants familiaux aux besoins spécifiques de la personne dépendante
– La mise en place de réunions familiales régulières incluant la personne dépendante

Le projet “Famille-Soutien” mené par l’Association Sénégalaise pour le Bien-Être Familial (ASBEF) à Thiès a démontré que l’implication coordonnée de la famille élargie permettait de réduire de 70% le sentiment d’isolement des personnes dépendantes.

**Les technologies de communication au service du lien familial**

Avec un taux de pénétration mobile de 119% au Sénégal selon l’Autorité de Régulation des Télécommunications et des Postes (ARTP), le téléphone portable représente un outil accessible pour maintenir le contact. Les applications comme WhatsApp, utilisées par 65% des possesseurs de smartphones sénégalais, permettent des échanges réguliers et des appels vidéo qui recréent une proximité malgré la distance.

Des initiatives comme “SenTech Solidaire” proposent des formations simplifiées aux nouvelles technologies pour les personnes âgées ou en situation de handicap, avec déjà plus de 500 bénéficiaires à Dakar et Saint-Louis.

### Mobiliser les ressources communautaires

**Le potentiel des associations locales**

Le tissu associatif sénégalais est particulièrement dense et actif. Des organisations comme la Fédération Sénégalaise des Associations de Personnes Handicapées (FSAPH) ou l’Association Sénégalaise des Retraités (ASR) organisent régulièrement :
– Des rencontres thématiques
– Des activités de loisirs adaptées
– Des groupes de parole et d’entraide

À Kaolack, l’initiative “Ndajé Solidaire” (Rencontre Solidaire) réunit chaque semaine plus de 40 personnes dépendantes autour d’activités culturelles et ludiques, créant un espace de socialisation essentiel.

**Le rôle des structures religieuses**

Dans un pays où la pratique religieuse touche plus de 95% de la population, les mosquées et églises constituent des points d’ancrage social importants. Plusieurs initiatives ont émergé :
– Services de transport adapté vers les lieux de culte
– Visites religieuses à domicile pour les personnes immobilisées
– Activités communautaires inclusives après les offices

À Touba, la dahira (association religieuse) “Matlabul Fawzeyni” a mis en place un système de navettes adaptées permettant à plus de 100

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