# Comment accompagner efficacement les personnes âgées dans la gestion de leur médication au Sénégal
La gestion des médicaments chez les personnes âgées au Sénégal représente un défi majeur pour les familles et les soignants, nécessitant des stratégies adaptées au contexte culturel et économique local pour éviter les complications liées à une mauvaise observance thérapeutique.
## Les défis de la médication chez les personnes âgées sénégalaises
Au Sénégal, le vieillissement de la population s’accélère. Selon l’Agence Nationale de la Statistique et de la Démographie (ANSD), les personnes de plus de 60 ans représentent environ 5,2% de la population, soit près de 900 000 individus. Ce chiffre devrait doubler d’ici 2050, créant de nouveaux défis en matière de santé.
Les aînés sénégalais font face à de multiples obstacles dans la gestion de leurs traitements. La polymédication, définie comme la prise simultanée de cinq médicaments ou plus, concerne plus de 40% des personnes âgées souffrant de maladies chroniques au Sénégal. Cette situation augmente considérablement les risques d’effets secondaires, d’interactions médicamenteuses et d’erreurs de dosage.
Dr Fatou Diop, gériatre à l’Hôpital Principal de Dakar, explique : “Les difficultés cognitives, les problèmes de vision, la complexité des traitements et parfois l’analphabétisme constituent des obstacles majeurs à l’observance thérapeutique chez nos patients âgés.”
Une étude menée en 2021 par l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar révèle que près de 65% des personnes âgées sous traitement chronique au Sénégal rencontrent des difficultés d’observance, avec des conséquences parfois graves sur leur santé.
## Comprendre les spécificités culturelles et sociales au Sénégal
La société sénégalaise est traditionnellement organisée autour de valeurs familiales fortes. Le concept de “Teranga” (hospitalité) et le respect des aînés font partie intégrante de la culture. Toutefois, l’urbanisation rapide et les migrations économiques transforment progressivement ces structures familiales traditionnelles.
Contrairement aux pays occidentaux où l’institutionnalisation des personnes âgées est courante, au Sénégal, plus de 95% des aînés vivent au sein de leur famille. Cette réalité constitue à la fois une force et un défi pour la gestion médicamenteuse.
“Dans notre contexte, la famille joue un rôle central dans l’accompagnement des personnes âgées. Cependant, les aidants familiaux ne sont pas toujours formés pour gérer des traitements complexes”, souligne Mamadou Ndiaye, sociologue spécialiste des questions de vieillissement à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis.
Les croyances traditionnelles influencent également le rapport aux médicaments. Selon une enquête de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), environ 30% des Sénégalais combinent médecine moderne et traditionnelle, ce qui peut parfois entraîner des interactions médicamenteuses dangereuses.
## Solutions pratiques pour l’organisation quotidienne des médicaments
### Mise en place d’un système de pilulier adapté
L’utilisation de piluliers représente une solution efficace pour organiser les médicaments. Au Sénégal, ces dispositifs sont disponibles dans la plupart des pharmacies urbaines, avec des prix variant entre 5 000 et 15 000 FCFA selon les modèles.
Les piluliers hebdomadaires compartimentés par jour et par moment de prise (matin, midi, soir) constituent une solution particulièrement adaptée. Pour les personnes analphabètes, des piluliers utilisant des symboles (soleil, lune) ou des couleurs peuvent faciliter la compréhension.
L’Association Sénégalaise pour le Bien-Être des Personnes Âgées (ASBEPA) a lancé en 2020 une initiative distribuant des piluliers adaptés aux réalités locales, accompagnés d’une formation des aidants familiaux dans plusieurs quartiers de Dakar et Thiès.
### Création d’un calendrier de prise médicamenteuse
Un calendrier simple, visuel et accessible est essentiel. Il peut être réalisé sur papier avec des pictogrammes représentant les médicaments et les moments de prise, particulièrement utile pour les personnes peu alphabétisées.
Des applications mobiles comme “MediSafe” ou “Rappel Médicament” sont également disponibles en français et peuvent être utilisées par les aidants familiaux, sachant que le taux de pénétration des smartphones atteint désormais 45% au Sénégal, selon l’Autorité de Régulation des Télécommunications et des Postes (ARTP).
## Le rôle crucial des aidants familiaux au Sénégal
Dans le contexte sénégalais, la famille constitue le premier réseau de soutien pour les personnes âgées. Une étude menée par le Centre de Recherche sur le Vieillissement de Dakar indique que 78% des personnes âgées dépendantes sont prises en charge par leurs enfants ou petits-enfants.
Amadou Diallo, responsable de l’ASBEPA, précise : “Les aidants familiaux sont souvent débordés entre leur travail, l’éducation de leurs propres enfants et l’accompagnement de leurs parents âgés. Nous devons les soutenir et les former.”
### Formation et sensibilisation des proches
Des sessions de formation destinées aux aidants familiaux sont organisées périodiquement par le Ministère de la Santé et de l’Action Sociale en collaboration avec des ONG locales. Ces formations abordent les techniques de base pour administrer correctement les médicaments et reconnaître les signes d’effets secondaires.
L’initiative “Accompagner nos Aînés”, lancée en 2019 à Dakar, propose des ateliers pratiques gratuits pour les familles, avec des démonstrations sur l’utilisation des piluliers et la gestion des ordonnances multiples.
### Partage des responsabilités au sein de la famille
La répartition des tâches liées à la médication entre différents membres de la famille permet d’alléger la charge des aidants principaux. Un système de rotation peut être mis en place, où chaque membre de la famille se charge de la médication à tour de rôle selon un planning établi.
Les applications de messagerie comme WhatsApp, largement utilisées au Sénégal, facilitent la coordination entre les différents aidants familiaux et le partage d’informations relatives aux traitements.
## Collaboration avec les professionnels de santé
### Le rôle du médecin traitant
Le médecin traitant joue un rôle central dans la simplification des schémas thérapeutiques. Une étude menée à l’Hôpital Fann de Dakar montre qu’une révision régulière des ordonnances permet de réduire le nombre de médicaments de 25% en moyenne chez les patients âgés.
Dr Abdoulaye Seck, gériatre à l’Hôpital Le Dantec, recommande : “Nous encourageons les familles à centraliser tous les traitements auprès d’un seul médecin quand c’est possible, ou à minima, à apporter toutes les ordonnances à chaque consultation pour éviter les prescriptions redondantes ou contradictoires.”
### L’appui précieux des pharmaciens
Au Sénégal, on compte environ 1 000 pharmacies, majoritairement concentrées dans les zones urbaines. Ces professionnels constituent des ressources accessibles pour obt
