# Accompagner un proche en fin de vie à domicile au Sénégal : guide pratique et culturel
L’accompagnement d’une personne en fin de vie à domicile au Sénégal nécessite une approche qui combine soins médicaux, soutien émotionnel et respect des traditions culturelles, tout en intégrant les défis spécifiques du contexte sénégalais en matière d’accès aux soins palliatifs.
## Les soins palliatifs au Sénégal : état des lieux et enjeux
Au Sénégal, la notion de soins palliatifs a considérablement évolué ces dernières années, mais reste confrontée à d’importants défis structurels. Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), moins de 10% des personnes nécessitant des soins palliatifs en Afrique subsaharienne y ont effectivement accès. Le Sénégal, malgré ses efforts pour développer son système de santé, n’échappe pas à cette réalité.
L’Unité de Soins Palliatifs de l’Hôpital Principal de Dakar, créée en 2017, représente l’une des rares structures formellement dédiées à cette spécialité dans le pays. Cette unité travaille activement à former des professionnels et à sensibiliser la population aux principes des soins palliatifs.
Cependant, la couverture reste insuffisante, particulièrement en zones rurales où réside environ 52% de la population sénégalaise. C’est pourquoi l’accompagnement à domicile devient une nécessité pour de nombreuses familles confrontées à la fin de vie d’un proche.
## Préparation et organisation des soins à domicile
### Évaluer les besoins et préparer l’environnement
Avant d’organiser le retour à domicile d’un proche en fin de vie, une évaluation minutieuse des besoins est essentielle :
– **Évaluation médicale** : Consultez l’équipe médicale qui suit votre proche pour comprendre l’évolution prévisible de sa maladie, ses besoins en soins et médicaments.
– **Adaptation du logement** : Dans le contexte sénégalais où les habitations traditionnelles peuvent présenter des défis, il est important d’aménager un espace adapté. Privilégiez une pièce bien ventilée, à l’abri de la chaleur excessive si possible.
– **Équipement nécessaire** : Selon les moyens disponibles, procurez-vous un lit médicalisé ou adaptez un lit traditionnel avec des coussins pour le confort. Des alèses imperméables peuvent être fabriquées localement ou achetées en pharmacie.
À Dakar, certaines associations comme “SOS Médecins Sénégal” peuvent conseiller sur l’aménagement du domicile et parfois prêter du matériel médical de base.
### Constituer une équipe de soins
Au Sénégal, la solidarité familiale joue un rôle fondamental dans l’accompagnement des malades. Cette force culturelle peut être organisée efficacement :
– **Établir un planning de présence** : Répartissez les tâches entre les membres de la famille pour éviter l’épuisement des aidants principaux.
– **Former les aidants** : Sollicitez l’aide d’un professionnel de santé pour former les membres de la famille aux gestes de base (toilette, changements de position, alimentation).
– **Identifier les ressources médicales** : Recensez les infirmiers et médecins disponibles dans votre quartier ou village qui pourraient intervenir en cas de besoin.
Le système de “Badien” (tante en wolof) ou de “Ndeyedické” (marraine) peut être mobilisé dans la tradition sénégalaise pour organiser cette solidarité familiale et communautaire autour du malade.
## Les soins quotidiens : aspects pratiques
### Hygiène et confort
L’hygiène constitue un aspect primordial dans la dignité de la personne et la prévention des complications :
– **Toilette quotidienne** : Adaptez-la aux capacités du malade, en respectant son intimité et les pratiques culturelles. Au Sénégal, la toilette peut être réalisée avec des produits traditionnels comme le “thiouraye” (encens) pour parfumer la pièce après les soins.
– **Prévention des escarres** : Changez régulièrement la position du malade (toutes les 2-3 heures). Les huiles naturelles comme le beurre de karité, disponible localement, peuvent être utilisées pour masser les points d’appui.
– **Soins de bouche** : Hydratez régulièrement la bouche du malade, particulièrement important dans le climat chaud sénégalais.
### Alimentation et hydratation
En fin de vie, l’alimentation change et doit être adaptée :
– **Respectez les goûts** : Proposez de petites quantités d’aliments appréciés par le malade.
– **Hydratation régulière** : Dans le climat sénégalais, l’hydratation est cruciale. Proposez de l’eau, des jus traditionnels comme le “bissap” ou le “bouye” selon les préférences.
– **Alimentation culturellement adaptée** : Les bouillies comme le “laax” ou le “fondé” sont souvent bien tolérées et correspondent aux habitudes alimentaires sénégalaises.
### Gestion de la douleur et des symptômes
La gestion de la douleur reste un défi majeur au Sénégal, où l’accès aux analgésiques puissants comme la morphine demeure limité :
– **Suivi médical** : Maintenez un contact régulier avec un médecin qui pourra prescrire les traitements disponibles contre la douleur.
– **Médecines traditionnelles complémentaires** : Certaines pratiques traditionnelles peuvent compléter (mais non remplacer) les traitements médicaux, comme les massages avec des huiles spécifiques.
– **Surveillance des symptômes** : Tenez un journal des symptômes pour informer précisément les soignants lors de leurs visites.
Selon une étude publiée dans le Journal of Pain and Symptom Management en 2019, seuls 12% des patients nécessitant des opioïdes pour la douleur sévère y ont accès au Sénégal, contre près de 87% en France.
## Dimension psychologique et spirituelle de l’accompagnement
### Soutien émotionnel et communication
La communication avec une personne en fin de vie doit rester authentique tout en respectant sa vulnérabilité :
– **Écoute active** : Accordez du temps pour écouter les préoccupations, les souvenirs et les souhaits du malade.
– **Communication non-verbale** : Dans la culture sénégalaise, le toucher et la présence silencieuse sont souvent plus importants que les mots.
– **Vérité progressive** : Informez le malade selon ses demandes et sa capacité à recevoir l’information, en tenant compte que dans certaines familles sénégalaises, la vérité sur le pronostic est parfois considérée comme trop brutale.
### La dimension spirituelle et religieuse
Au Sénégal, où environ 95% de la population pratique activement une religion (majoritairement l’Islam et le Christianisme), la dimension spirituelle est fondamentale :
– **Respect des pratiques religieuses** : Facilitez la prière, la lecture des textes sacrés (Coran ou Bible) ou la visite d’un guide spirituel (Imam, Prêtre ou guide religieux traditionnel).
– **Rites spécifiques** : Pour les musulmans, faciliter les ablutions même symboliques avant la prière ou orienter le lit vers La Mecque peut être important.
– **Médiation communautaire