# Comment créer un espace de vie sécurisé pour une personne désorientée au Sénégal ?
La création d’un environnement sécurisé adapté aux personnes désorientées représente un défi majeur pour les familles sénégalaises confrontées à la prise en charge de proches atteints de troubles cognitifs ou de démence.
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## Les défis de la prise en charge des personnes désorientées au Sénégal
Au Sénégal, comme dans de nombreux pays africains, le vieillissement de la population s’accompagne d’une augmentation des cas de démence et de troubles cognitifs. Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), la prévalence de la démence en Afrique subsaharienne est estimée à environ 2,4% chez les personnes âgées de plus de 60 ans. Au Sénégal, cela représente plusieurs milliers de personnes nécessitant une prise en charge adaptée.
La désorientation, qu’elle soit liée à la maladie d’Alzheimer, à d’autres formes de démence, à des séquelles d’AVC ou à des traumatismes crâniens, confronte les familles à des défis considérables. Dans un contexte où les structures spécialisées sont limitées, c’est souvent aux proches que revient la responsabilité d’aménager un cadre de vie sécurisé.
Fatou Diop, présidente de l’Association Sénégalaise pour le Soutien aux Aidants Familiaux (ASSAF), souligne cette réalité : “Au Sénégal, la prise en charge des personnes désorientées repose principalement sur les familles. Notre culture valorise ce soutien familial, mais les aidants manquent souvent d’informations et de ressources pour adapter correctement leur domicile.”
## Comprendre la désorientation pour mieux adapter l’environnement
La désorientation se manifeste de différentes manières et peut évoluer avec le temps. Elle se caractérise généralement par :
– Une difficulté à reconnaître des lieux familiers
– Une tendance à s’égarer, même dans des endroits connus
– Une confusion concernant le temps (heure, jour, saison)
– Des troubles de la mémoire affectant la reconnaissance des objets et leur utilisation
– Une agitation accrue, particulièrement en fin de journée (syndrome du coucher de soleil ou “sundowning”)
Le Dr. Mamadou Ndiaye, neurologue à l’Hôpital Principal de Dakar, explique : “La désorientation est souvent accompagnée d’une altération du jugement et d’une diminution de la conscience des dangers. Cela rend la personne particulièrement vulnérable dans son environnement quotidien. Des adaptations spécifiques sont donc nécessaires pour maintenir sa sécurité tout en préservant autant que possible son autonomie.”
## Principes fondamentaux pour créer un espace sécurisé
### Simplicité et constance
Pour une personne désorientée, un environnement trop complexe ou changeant peut accentuer la confusion. Au Sénégal, où les maisons accueillent souvent plusieurs générations, il est important de créer des espaces dédiés avec une organisation stable et prévisible.
– Limiter le désordre et les objets non essentiels
– Maintenir une disposition constante du mobilier
– Établir des routines quotidiennes régulières
– Privilégier un éclairage uniforme et suffisant, particulièrement important dans les régions où les coupures d’électricité sont fréquentes
### Repères visuels et sensoriels adaptés au contexte sénégalais
Les indices visuels peuvent considérablement aider une personne désorientée à se repérer dans son environnement. Dans le contexte sénégalais, ces repères doivent être culturellement pertinents et adaptés à l’environnement local.
– Utiliser des photographies de famille ou d’objets traditionnels reconnaissables
– Installer des pictogrammes sur les portes (toilettes, chambre, salon)
– Employer des couleurs contrastées pour distinguer les différentes pièces
– Intégrer des éléments sensoriels familiers (parfums locaux, tissus traditionnels)
Mme Aminata Sow, ergothérapeute à Dakar, recommande : “Dans nos interventions, nous utilisons souvent des tissus wax ou des objets artisanaux comme points de repère. Ces éléments culturellement familiers sont plus facilement reconnus par nos patients âgés que des signalétiques standardisées importées.”
## Aménagements spécifiques pièce par pièce
### La chambre à coucher : un sanctuaire sécurisé
La chambre représente un espace crucial où la personne passe une grande partie de son temps. Son aménagement doit prioritairement viser la sécurité tout en favorisant un sommeil de qualité.
– Opter pour un lit bas ou placer le matelas sur un sommier au ras du sol pour limiter les risques de chutes
– Installer une veilleuse à détection de mouvement pour les déplacements nocturnes
– Privilégier une literie ferme et confortable, adaptée au climat local
– Sécuriser les fenêtres avec des limiteurs d’ouverture, particulièrement dans les habitations en hauteur
– Placer une pendule numérique indiquant clairement le jour et la nuit
Une innovation intéressante provient de l’entreprise sénégalaise “Sunugaal Tech” qui a développé un système d’alerte simple et abordable : un tapis capteur placé au pied du lit qui envoie une notification au téléphone de l’aidant lorsque la personne se lève pendant la nuit.
### La salle de bain : prévenir les accidents dans un lieu à risque
Les salles d’eau constituent l’un des espaces les plus dangereux pour les personnes désorientées. Au Sénégal, où les installations sanitaires varient considérablement selon les régions et le niveau socio-économique, des adaptations spécifiques sont nécessaires.
– Installer des barres d’appui solides près des toilettes et dans la douche
– Utiliser un tapis ou une chaise de douche antidérapante
– Privilégier un pommeau de douche amovible à hauteur réglable
– Marquer clairement les robinets d’eau chaude et froide (si disponibles)
– Régler le chauffe-eau à une température modérée pour éviter les brûlures
Pour les habitations ne disposant pas d’installations sanitaires modernes, le Dr. Ibrahima Diallo, médecin gériatre, suggère : “Dans les zones rurales ou périurbaines, nous recommandons l’installation de toilettes surélevées avec accoudoirs fabriqués localement et l’aménagement d’un espace de toilette délimité et sécurisé, même s’il s’agit d’une zone de douche traditionnelle.”
### La cuisine : concilier autonomie et sécurité
La cuisine présente de nombreux dangers potentiels (feu, objets tranchants, produits toxiques) mais reste un lieu important pour maintenir certaines activités significatives pour la personne.
– Installer des détecteurs de fumée, particulièrement importants dans les cuisines utilisant du gaz ou du charbon
– Privilégier des plaques de cuisson à induction ou à arrêt automatique lorsque c’est possible
– Ranger les ustensiles dangereux et les produits toxiques dans des placards verrouillés
– Étiqueter clairement les aliments et les ustensiles courants
– Prévoir un espace de préparation simple pour maintenir certaines activités sous supervision
Au Sénégal, où la prépa