La Zone de Libre-échange Continentale Africaine (ZLECAf) : Un Marché Unique pour Transformer l’Afrique
La Zone de Libre-échange Continentale Africaine représente la plus grande zone de libre-échange au monde en termes de pays participants depuis la création de l’Organisation Mondiale du Commerce. Lancée officiellement le 1er janvier 2021, elle réunit 54 des 55 pays membres de l’Union Africaine, couvrant un marché de 1,3 milliard de consommateurs.
Un cadre juridique ambitieux pour l’intégration commerciale
L’accord établissant la ZLECAf, signé à Kigali le 21 mars 2018, repose sur des protocoles fondamentaux régissant le commerce des biens, des services et le règlement des différends. Ces textes définissent un cadre légal harmonisé visant l’élimination progressive des barrières tarifaires et non-tarifaires entre les États membres.
Le protocole sur le commerce des marchandises prévoit la suppression des droits de douane sur 90% des lignes tarifaires sur une période de 5 à 10 ans pour les pays en développement, et 10 à 13 ans pour les pays les moins avancés. Les 10% restants se répartissent entre produits sensibles (7%) et exclus (3%).
Concernant les services, cinq secteurs prioritaires ont été identifiés : les services financiers, les transports, les communications, le tourisme et les services aux entreprises. La libéralisation progressive de ces secteurs s’accompagne de garanties pour protéger les industries naissantes.
Des objectifs ambitieux pour stimuler le commerce intra-africain
Les projections de la Commission Économique des Nations Unies pour l’Afrique indiquent que la mise en œuvre complète de l’accord pourrait :
– Augmenter le commerce intra-africain de 15-25% d’ici 2040
– Générer des gains de bien-être estimés entre 16,1 et 23,7 milliards USD
– Créer des opportunités d’emplois, particulièrement pour les femmes et les jeunes
– Stimuler la diversification économique et l’industrialisation
Le rôle central du Secrétariat dans la mise en œuvre
Basé à Accra au Ghana, le Secrétariat de la ZLECAf coordonne la mise en œuvre effective de l’accord à travers plusieurs initiatives clés :
– Le Système Panafricain de Paiements et de Règlements (PAPSS) facilitant les transactions transfrontalières
– La plateforme numérique d’information commerciale
– Le mécanisme en ligne de signalement des barrières non tarifaires
– Le programme de renforcement des capacités des États membres
Les défis structurels à surmonter
Malgré ces avancées, plusieurs obstacles persistent :
Infrastructure et connectivité
Le déficit d’infrastructures de transport et logistiques fiables augmente les coûts commerciaux. La Banque Africaine de Développement estime les besoins en financement entre 130-170 milliards USD annuels.
Harmonisation réglementaire
La diversité des cadres réglementaires nationaux complexifie les échanges. Un effort d’harmonisation des normes et procédures est nécessaire.
Capacités productives
Le manque de diversification économique et la faible capacité de production industrielle limitent l’offre exportable de nombreux pays.
Les prochaines étapes cruciales
Phase II des négociations
Les protocoles sur l’investissement, la concurrence et la propriété intellectuelle sont en cours de finalisation pour renforcer le cadre juridique.
Opérationnalisation complète
Le déploiement des outils techniques comme le PAPSS et la plateforme d’information commerciale reste prioritaire.
Mobilisation du secteur privé
L’engagement actif des entreprises est essentiel pour concrétiser les opportunités offertes par le marché unique.
Perspectives et recommandations
Pour maximiser les bénéfices de la ZLECAf, plusieurs actions sont recommandées :
1. Accélérer les réformes nationales d’alignement avec l’accord
2. Investir massivement dans les infrastructures régionales
3. Renforcer les capacités techniques des administrations
4. Soutenir la transformation numérique du commerce
5. Faciliter l’accès au financement pour les PME
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La ZLECAf représente une opportunité historique de transformation économique pour l’Afrique. Sa réussite dépendra de l’engagement continu des États membres et de la mobilisation effective de toutes les parties prenantes.
[Note : Cet article se base sur les documents officiels de l’Union Africaine, les rapports du Secrétariat de la ZLECAf et les études de la Commission Économique pour l’Afrique]